Je ne sais pas pour vous mais moi j’ai découvert le concept de charge mentale il y a seulement quelques années. Enfin non, pour être plus précise : j’ai mis deux petits mots (qui pèsent lourd chez une femme faut pas se mentir) sur une surcharge qui commençait sérieusement à se faire sentir. Quasiment autant que toutes les lessives que deux ados engendrent et que les remplissages/ vidages des paniers de linge qui vont avec, c’est dire !
MAIS (et c’est la bonne nouvelle) j’ai aussi décidé que je ne me laisserai pas plus envahir par cette surcharge mentale. Bon, pas trop envahir. Alors oui c’est une bonne idée de base, mais concrètement, comment ça se traduit ?
C’est simple : je ne fais plus rien ! Non je plaisante, si je n’assure pas le quotidien – les courses, les repas, les sorties du chien, le drive, le ménage, les rendez-vous divers et variés… qui d’autre le fera ? Bon j’exagère un peu, mes ados (14 et 17 ans) ne sont pas les pires du monde (ils font le ménage dans leur chambre tout seuls comme des grands et honnêtement, je n’ai pas à me plaindre). Et je sais que quand ils partiront, dans pas si longtemps, mon petit nid me semblera bien vide (d’où le chien, article prévu sur Léon, et il y a beaucoup à dire !).
Je continue donc à faire, parce que d’abord avoir le cerveau en surchauffe, penser à 1 000 trucs à la fois (de préférence qui se passent dans six mois ou un an, tant qu’à s’encombrer l’esprit, autant le faire bien) être mère au foyer (seule) et qui travaille, de chez elle, c’est mon mode de fonctionnement. Et comme j’aime aussi beaucoup me plaindre, il faut bien que j’ai de quoi. Trêve de plaisanterie, je ne trouve pas ça très drôle cette non-égalité des tâches.
La charge mentale, une histoire de couple…
Je crois que quand j’étais plus jeune je n’en avais pas conscience. Les enfants sont petits, on court partout, pour tout, on est dans le jus et la trentaine passe. Et (pour moi en tout cas) c’est plutôt à la quarantaine que j’en ai pris conscience.
Marre de tout devoir gérer, de savoir que je suis seule chef à bord (situation amoureuse compliquée). Et surtout ne pas perdre le cap : faire grandir mes enfants pour qu’ils soient bien dans leur tête. Bon maintenant je revis seule avec mes deux grands bébés depuis quelques mois, bizarrement (logiquement plutôt), ça va mieux. Parce que seule, la donne est claire : on assure tout, parce que pas le choix. Donc on s’excite moins, on fait avec.
Mais les quelques années où nous étions deux (pas avec le père de mes enfants, lui, ça fait bien longtemps que nous ne sommes plus ensemble)… Alors-là, la charge mentale je la sentais plus que bien ! Naïvement, on s’imagine que le partage des tâches est plus ou moins acquis, mais que nenni.
En réfléchissant à toutes les fois où je me sentais épuisée mentalement, je me suis rendue compte que que ma charge mentale était vraiment liée à mon couple (en fait l’un ne va pas sans l’autre). Depuis février, Mr et moi ne vivons plus ensemble (même si nous sommes toujours ensemble, c’est un peu je t’aime moi non plus, mais c’est un autre sujet 🙂 et… Ça va beaucoup mieux. Ce n’est pas toujours marrant d’être seule, mais je suis plus “détendue”.
Parce qu’avoir un troisième enfant de 41 ans à la maison, qui ne range rien ou pas grand chose, qui ne sait visiblement pas se servir d’un aspirateur ni d’une éponge (dont l’utilisation, on le sait toutes, nécessite un bac +10), qui fait à manger une fois par mois (la mort dans l’âme et après qu’on ait fait remarquer 100 fois qu’on en avait assez de faire à manger pour tout le monde tout le temps)… Ça me portait vraiment sur les nerfs.
C’était assez normal (et pourtant je n’étais pas avec un macho rétrograde) que la logistique, les repas, le ménage… soient du domaine de la femme. Même si elle travaille. Mais travailler de la maison sous-entend apparemment qu’on peut aussi tout se coltiner. ll ne me semblait pourtant pas me pavaner avec mon tablier vichy en attendant mon tendre et cher. Mais visiblement de temps en temps, si on avait pu revenir aux années 50 ça aurait été super top !
Les Surchargées mentales, une (trop) grande communauté
Je force un peu le trait mais cette différence entre nos deux sexes, c’est quand même insupportable non au XXIe siècle ? Alors je le sais bien, la charge mentale ne nous concerne pas toutes. Seulement 8 femmes sur 10, on va dire que c’est une “bonne nouvelle. Ça en fait au moins deux qui ne se sentent pas au bord du burn out régulièrement. Ou qui ont envie de faire une fugue. Ou de lancer des assiettes à travers la pièce pour se défouler (j’adorerais).
J’ai demandé par curiosité à ma plus jeune sœur de 31 ans qui a un bébé de six mois si elle la ressentait, cette charge. Réponse spontanée : OUI. Avec pas mal d’exemples à l’appui. La gestion des repas (des parents et de bébé), penser aux affaires de mon amour de neveu, la paperasse…
« J’ai l’impression que si je ne lui dis pas qu’il faut ranger ou faire des courses, il n’y aura pas de prises d’initiatives. Et pour cuisiner, bah on pourrait mourir de faim lol. Y’a vraiment des trucs, comme la gestion des stocks, les couches, les lingettes, même juste les vêtements, qui doivent être faits régulièrement et qui sont de ma seule responsabilité. »
Même son de cloche du côté de ma meilleure amie : « Tu vois là demain, il va faire la grasse mat, moi je vais aller faire les courses parce qu’on invite des amis dimanche midi, m’occuper de tout préparer pour le repas et faire le ménage entre deux. » J’adore leurs maris, ils sont très biens au demeurant, et ce n’est pas dirigé contre eux (je préfère préciser on ne sait jamais🙂).
De savoir qu’on appartient quasiment toutes à la grande communauté des Surchargées mentales, ça aide à tenir quand vraiment ça ne va pas. D’en parler et de savoir que l’autre (en général mes sœurs ou ma meilleure amie en ce qui me concerne, ce sont mes coachs de vie❤️) on en est à peu de choses près au même stade, ça aide. Et ça permet d’en (sou)rire. La solidarité féminine, ça réconforte. Et ce qui aide aussi pas mal, c’est de lever le pied, sur les tâches “essentielles” qui ne le sont pas toutes tant que ça.
On lâche essaye de lâcher du lest !
Le calme et la sérénité on est pas tellement amis, même si j’aimerais les inviter plus souvent à boire un thé, ou l’apéro 😉. Mais j’ai lâché du lest. Par exemple, ma table et mon fer à repasser sont la plupart du temps bien au chaud dans leur placard.
Fut un temps, foooort lointain (c’est à dire l’époque où j’étais jeune et sans enfants) où j’adorais (vraiment) repasser devant des séries le samedi après-midi, oui, chacun ses loisirs 🙂. Et au fil des ans, c’est devenu une vraie corvée.
Corvée doublée d’une punition : l’ingratitude. Moi assez fière de repasser le linge de ma maisonnée, pour… zéro reconnaissance. Et du coup une bonne dose d’énervement devant tant d’indifférence (oui c’est normal de repasser pour tout le monde).
Le coup d’arrêt : le jour où mon fils m’a dit : « Mais pourquoi tu repasses, ça sert à rien ». Oui bon vu comme ça… j’ai arrêté. Et je crois que notre cerveau de femme est vraiment formaté, je trouvais ça normal de repasser, et qu’on me félicite en prime… Le nombre de fois où j’ai répété que je n’étais pas génétiquement programmée pour le ménage. Et que non je ne suis pas née avec une éponge et une serpillière à la main !
Mes petites tactiques allègement
Donc exit le repassage, exit aussi le ménage intempestif. Ma première tactique : la grève. À bannir : tas de linge qui s’amoncelle, poussière à foison sur les meubles, carrelage crasseux… Si maman ne s’y colle pas en fait personne ne s’y colle, donc double charge de travail au final et d’énervement entre deux.
Deuxième tactique : prendre une femme de ménage. C’était un peu pour faire un électrochoc aux autres paires de bras de la maison qui aurait pu m’aider mais… absence totale de réaction (excepté : bah c’est propre non ? réponse : non !). Ça a duré deux mois, d’abord je n’avais pas du tout les moyens et ensuite, bon, je pouvais le faire quand même 🙂
Comme je ne suis pas vraiment une fée du logis, lever le pied de ce côté n’a pas été si dur finalement. Et avec l’âge, on apprend mine de rien à relativiser et prioriser. Non je ne suis pas Wonder Woman. Et oui, entre tricoter devant Greys’ Anatomy et faire le grand ménage, je préfère la première option.
Je n’étais pas fan du Cookeo, quand ma meilleure amie en a acheté un, j’étais en mode : “Moi ça me dérange pas de faire la cuisine, j’arrive à gérer avec le boulot en même temps, pas de soucis”. Alors oui c’est vrai, j’aime bien cuisiner (pas des plats de fou non plus).
MAIS : j’ai plus de travail qu’avant, les enfants continuent de rentrer tous les midis, mon bureau est dans ma chambre au deuxième étage, donc obligée d’arrêter de bosser à 11 heures pour préparer le repas et qu’il soit prêt à midi pile.
Résultat, quelques mois plus tard j’en ai acheté un d’occasion, et franchement, ça change la vie ! C’est rapide, pratique et pas besoin de rester planter devant la gazinière pour vérifier la cuisson. Un vrai bonheur (oui des fois j’ai des joies très basiques).
Et puis un jour, ça se calme un peu…
Quand les enfants grandissent, on sort quand même beaucoup la tête de l’eau, ça devient plus cool. C’est toujours moi qui sait où se trouvent le cahier, le caleçon, la brosse, le mascara et tout le reste. C’est toujours moi qu’on fait monter/ descendre/ traverser la maison.
La plupart du temps pour une demande pas franchement urgente (ou un “Ah bah c’est non c’est bon en fait”). J’ai toujours droit à “On mange quand ?”, “On mange quoi ? “, “Il faut que tu m’achètes”, “J’ai plus de (souris/ dentifrice/ déodorant…”
Mais c’est différent, c’est moins épuisant. Et puis vraiment je pense que le cerveau XY n’est pas formaté pour réellement comprendre notre charge mentale, il pense qu’on exagère, qu’on force le trait, “ben non quand même je fais de trucs, regarde j’ai tondu la pelouse/ réparé la douche/ gonflé les pneus…” Oui oui, combien de fois dans l’année donc ? Parce que nous on a fait à manger au moins 750 fois cette année et nettoyé les toilettes une centaine de fois.
Alors je me dis que si on est capables d’accomplir autant de choses en simultané, en menant de front – mine de rien pas si mal – autant d’activités, la plupart du temps pour les autres en plus, c’est qu’on est quand même fortes 🙂.
Et malgré tout ce stress, je ne troquerai pas ma place, parce que je me dis (et ce n’est pas du dénigrement gratuit envers ces messieurs) que nous sommes de courageux piliers, solides et méritants. Un genre de Wonder Women des temps modernes ❤️.
Quelques trucs et astuces pour réduire notre charge mentale (que je n’applique pas forcément…) :
- On s’écoute et on apprend à respecter son rythme et ses limites : il est 21 heures et encore une montage de choses à ranger et à faire, des mails à regarder et une liste de courses en stand by ? Oubliez. Une bonne série, un bon bouquin, un bon bain, ce que vous voulez/ aimez mais on met son cerveau en mode off.
- On évite les multi-tâches : fini la conversation pro au téléphone en vérifiant les devoirs des enfants tout en ramassant les jouets qui traînent. Certes notre cerveau est programmé pour penser à plusieurs choses en même temps, mais il y a des limites à ne pas dépasser.
- On simplifie, on priorise, on demande de l’aide et on délègue. Une question d’équilibre et de paix intérieure (j’aime bien rêver).
- Certaines d’entre vous aiment faire des To do list ? Profitez-en ! Notre cerveau n’est pas fait pour emmagasiner des infos à l’infini. Rayez au fur et à mesure les choses à faire, ça permet d’avancer plus sereinement (et on est un peu fières de nous) et ça allège la charge mentale.
- Ça sonne comme une évidence, mais on s’offre des moments de détente : faites du yoga, un footing, allez voir une copine… tout ce qui peut vous sortir, même pas longtemps, du quotidien. Et non ce n’est pas une perte de temps, c’est une question de santé mentale 🙂.