On le sait toutes : un homme aux tempes grisonnantes c’est teeeeelleeeement sexy, ça lui donne un air mature, un charme fou, un mélange de mystère et de classe… Avec comme référence Georges Clooney évidemment. Bon à nous maintenant : une femme aux cheveux blancs ?
MON DIEU ! La pauvre elle se laisse aller, ça la vieillit de 10 ans, et c’est pas blanc, c’est jaune (ou violet si on a abusé du fameux shampoing de la même couleur, qui colore aussi au passage les doigts, tant qu’à faire autant être raccord peau et cheveux).
Ok, comme dans beaucoup de domaines, ce qui est ultra cool chez un homme l’est beaucoup moins chez nous. sauf qu’au bout d’un moment, lutter contre le naturel… vous connaissez la suite. Et en matière de cheveux blancs, je maîtrise le sujet !
C’est une malédiction familiale – et génétique – du côté de ma mère. Poivre et sel très jeune et blanche très tôt. Mais comme elle est grande, belle avec une coupe qui mettait en valeur la neige sur sa tête, tout le monde pensait que c’était une couleur (moi je vous rassure, personne n’a jamais pensé ça😅). Ses trois frères, idem, cheveux grisonnants très tôt.
Mon premier cheveu blanc est apparu à 25 ans (réaction instantanée : quelle horreur, et arrachage immédiat) les suivants sont vite arrivés à la naissance de mon fils, à 28 ans. J’en ai 46, je vous laisse imaginer le degré de poivritude/ salitude de ma chevelure… Et en 21 ans, j’ai eu l’occasion de tester de nombreuses phases.
50 nuances de blonds
Phase n° 1 : le rejet total et inconditionnel. J’ai donc testé 50 nuances de blonds. Le blond Pamela Anderson (enfin c’est une image, je n’ai vraiment pas grand chose à voir avec elle) ou le blond blanc, parce que je me voyais toujours plus foncée que la réalité. Avec comme résultat des cheveux à l’apparence, la couleur, la texture et l’odeur de la paille (brûlée, parce que mon mantra c’est “jamais sans mon lisseur”).
J’ai les cheveux très (très très très) épais et qui ont tendance à onduler. Mais pas les belles boucles weavy dont on rêve toutes, non plutôt celles sur lesquelles le boucleur est resté trop longtemps. Et qui tiennent toutes seules (pas dans le bons sens) tellement les cheveux sont cassés et secs. Bref un genre de grosse cata capillaire qui moi m’allait très bien (je suis très forte au jeu de “je ne veux pas me rendre à l’évidence”) !
Et un beau jour, pourquoi et comment mystère, j’en ai eu assez. Enfin, c’était l’année du Covid, quelques gros coups durs perso et des odeurs de fin de monde dans l’air, j’ai voulu changer. Et puis j’en avais assez de cette couleur écaille de tortue : du blanc, du châtain clair (ma vraie couleur), du blond doré/ polaire/jaunâtre…
30 nuances de cuivré
Phase n° 2 donc : 50 nuances de cuivré roux. Roux parce que le cuivré, sachez-le (moi je ne le savais pas 😉 et quand j’ai une idée en tête de toute façon… sur les cheveux blancs, et bien ça ne tient pas. Et ça ne rend pas du tout pareil que sur la petite mèche échantillon que vous présente la coiffeuse.
Premier essai : couleur acajou. Double erreur : grosse racine blanche au bout de 15 jours. La seconde erreur ayant été de préciser que je ne voulais ni dégradé ni effilé, et que j’aurais dû arracher les ciseaux de la main de ma coiffeuse quand je l’ai vu tailler en biais dans la masse. Un joli brushing plus tard (je déteste sur moi ça me donne un air de Mireille Mathieu) je pouvais concourir pour le sosie officiel de Bonnie Tyler.
L’avantage avec les cheveux, c’est que ça repousse (plutôt vite pour moi). J’ai retrouvé une coupe “normale” et sans les mèches blondes, mes cheveux sont redevenus vivants, souples, brillants… Petite trêve bien méritée. J’ai enchaîné les couleurs seules, les couleurs assorties de mèches (l’idée étant d’homogénéiser : ah ah ah) et là recraquage. Il fallait se rendre à l’évidence, je suis poivre et sel ou quasiment : j’assume et surtout j’en avais marre d’aller chez le coiffeur tous les 15 jours. Trop d’entretien, et trop cher.
C’est bien connu, en matière de cheveux blancs féminins, il y a deux grandes écoles. L’école “c’est moche”, et l’école “non ça te va bien”. Pour faire simple. Et moi j’oscillais entre les deux. Entre je ne veux plus de cheveux blancs et ceux d’Halle Berry (oui, après Pamela Anderson…), alias Tornade dans X men. Verdict de la coiffeuse : pas possible votre couleur naturelle est trop foncée. GRRRR !
Phase n°3 : les cheveux blancs, même pas peur ! Aidée dans ce combat par ma petite maison qui me soutenait. Mon fils préférant mes cheveux au naturel, ma fille aussi (même si c’es vrai blonde tu parais plus jeune, mais j’aime bien maman, outch !), mon jules aussi, ma mère, ma plus jeune sœur… Et je m’y suis faite, c’était un genre de pari. Combien de temps vais-je tenir…
Le grand saut dans le blanc (ou pas)
Phase 4 : j’ai pas tenu si longtemps que ça. Quelques mois (à peu près). Séparation oblige, j’avais besoin de changement et donc je change de coiffeuse. Pour essayer celle de ma meilleure amie, qui vient à domicile. Je lui explique clairement, moi je veux garder ma couleur naturelle parce que… (voir toutes les phases précédentes). Réponse ok, j’ai pensé à ça (photo de cheveux gris) euh… bon j’étais pas rassurée, mais je me suis dit allez ok on tente.
Finalement, après analyse très fine de toutes les couleurs de mes cheveux…la coiffeuse a changé ses ciseaux d’épaule et je suis ressortie TRÈS TRÈS blonde. Un peu un choc les premières secondes, et en fait, j’ai trouvé ça cool. Sauf qu’il faut que je me rende à l’évidence : définitivement, les couleurs et patines ne veulent pas rester sur mes cheveux😭.
Phase 5 : Et maintenant que vais-je faire… ? (avec l’air de la chanson de Gilbert Bécaud ça sonne mieux). Je ne sais pas trop, en fait. J’ai rendez-vous à la fin du mois, et je voudrais retenter de demander des mèches blanches. Aucune coiffeuse n’a voulu le faire, mais je peux peut-être l’avoir à l’usure, on ne sait jamais😂.
Alors oui c’est vrai, ça paraît un peu anodin et futile cette histoire de cheveux blancs. Mais même si je n’ai pas trop de problème avec mon âge, je n’ai pas non plus envie qu’on me donne 10 ans de plus. Je n’ai pas non plus envie de passer ma vie chez le coiffeur.
Pour de toute façon ne jamais avoir la couleur que je voudrais, ou une couleur que j’aime seulement quelques semaines ou mois. En fait ce que j’aimerais, c’est voir à quoi ressemble mes cheveux au naturel. Pour aviser après. Ce qui n’arrivera jamais (pour le moment). Je ne suis pas du tout prête psychologiquement à avoir des racines blanches jusqu’aux oreilles. Donc je continue en mode écaille de tortue : tempes blanches, dessus/ dessous poivre et sel et longueurs blondes.
Les cheveux blancs au féminin, une question d’égalité
Parce que même si le regard des autres, au fil du temps, on s’en fout quand même beaucoup plus, l’image qu’on renvoie, ça compte toujours un peu quand même. L’avantage aujourd’hui, c’est ce que diktat anti-cheveux-blancs-chez-les-femmes commence sérieusement à battre de l’aile. En partie grâce à certaines stars (surtout américaines) qui ont décidé de se montrer au “naturel”.
Bon, l’effet waouh cheveux blancs est un peu plus facile à provoquer chez elles que chez nous. Enfin que chez moi, pas adepte du maquillage et qui traîne en jeans/ converse/ vieux pull loose plutôt qu’en tenue du tapis rouge. Donc, pour le côté glamour “ça lui va trop bien quelle classe folle au naturel”, on repassera. On est plus proche de Zézette épouse X (elle n’a pas les cheveux blancs mais là comme ça, je n’ai pas d’autres exemples parlant en tête) que de Sharon Stone.
Ça me fait penser à une des mes coiffeuses qui m’avait dit : ah oui les cheveux blancs sur vous super mais il faut une coupe déstructurée, très courte sinon ça va faire mémère. Ok lol. Et surtout : non. Plus d’effet déstructuré, j’ai donné quand j’étais jeune et moi mes cheveux mi-longs tout simples, eh ben ça me va très bien.
Le blanc qui implique d’avoir une coupe de cheveux hypeeer mode. Soit… C’est la seule “couleur” avec laquelle on vous propose une coupe en particulier. Ou avec laquelle on vous conseille de vous habiller branchée, colorée…. Non pace que des blondes/ brunes/ rousses qui font vieilles et mémères avant l’âge ça existe aussi, enfin je crois 😂.
Les cheveux blancs, c’est + qu’une question d’esthétique !
Tout ça pour dire que les cheveux blancs, c’est un vrai sujet. Pas le sujet existentiel qui mérite une thèse, mais il fait quand même couler de l’encre et divise les femmes atteintes de canitie (oui oui j’ai découvert ce mot : appellation officielle du cheveux blanc) en deux catégories.
Qui se résume en “j’assume” (de préférence “fièrement) ou “j’assume pas”. Et derrière ce choix, ça en dit un peu de notre société : refus de l’âgisme (oui je vieillis, je suis comme je suis et pourquoi je devrais dépenser une énergie et des sommes folles pour tenter de contrecarrer, en vain en plus, la nature), refus de l’inégalité femme-homme. Et il faut un peu (beaucoup pour certaines) de cran et garder le cap.
Mais, d’après plusieurs témoignages vus sur le Net, celles qui ont sauté le pas se sentent toutes mieux, libérées, fières. Un genre d’acte militant et d’affirmation de soi. Plutôt une nouvelle rafraîchissante non ?
Première étape de